DIRECTOIRE (1798). 35
bords du Nil. La grande capitale du Caire se trouve
sur la rive droite du fleuve. C’était sur la rive opposée,
c’est-à-dire sur la gauche, que Mourad-Bey
avait placé son camp dans une longue plaine qui
s’étendait entre le Nil et les pyramides de Giseh
les plus hautes de l’Égypte. Voici quelles étaient
ses dispositions. Un gros village, appelé Embabeh,
était adossé au fleuve. Mourad-Bey y avait ordonné
quelques travaux, conçus et exécutés avec l’ignorance
turque. C’était un simple boyau qui environnait
l’enceinte du village, et des batteries immobiles,
dont les pièces n’étant pas sur affût de
campagne ne pouvaient être déplacées. Tel était
le camp retranché de Mourad. Il y avait placé ses
vingt-quatre mille fellahs et janissaires, pour s’y
battre avec l’opiniâtreté accoutumée des Turcs
derrière les murailles. Ce village, retranché et appuyé
au fleuve, formait sa droite. Ses Mameluks,
au nombre de dix mille cavaliers, s’étendaient dans
la plaine entre le fleuve et les pyramides. Quelques
mille cavaliers arabes, qui n’étaient les auxiliaires
des Mameluks que pour piller et massacrer dans
le cas d’une victoire remplissaient l’espace entre
les pyramides et les Mameluks. Le collègue de
Mourad-Bey, Ibrahim, moins belliqueux et moins
brave que lui, se tenait de l’autre côté du Nil, avec
un millier de Mameluks, avec ses femmes, ses
esclaves et ses richesses, prêt à sortir du Caire, et