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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/177

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Et s'il était vrai, ce qu'on verra n'être pas, que la constitution de 91, par la suppression de la chambre-haute, ruina le trône, Mounier aurait de grands reproches à se faire. Mounier n'était pas passionné, mais obstiné ; il était aussi absolu dans son système que Sieyès dans le sien, et préférait tout perdre plutôt que de céder quelque chose. Les négociations furent rompes avec humeur. On avait menacé Mounier de Paris, de l'opinion publique, et on partit, dit-il, pour aller exercer l'influence dont on l'avait menacé[1].

Ces questions divisait le peuple comme les représentans, et, sans les comprendre, il ne se passionnait pas moins pour elles. On les avait toutes résumées sous le mot si court et si expéditif de veto. On voulait, ou on ne voulait pas le veto, et cela signifiait qu'on voulait ou qu'on ne voulait pas la tyrannie. Le peuple, sans même entendre cela, prenait le veto pour un impôt qu'il fallait abolir, ou pour un ennemi qu'il fallait pendre, et il voulait le mettre à la lanterne[2].

Le Palais-Royal était surtout dans la plus grande fermentation. Là se réunissaient des hommes ar-

  1. Voyez la note 6 à la fin du volume.
  2. Deux habitans de la campagne parlaient du veto. « − Sais-tu ce que c'est que le veto ? dit l'un. − Non. − Eh bien, tu as ton écuelle remplie de soupe ; le roi te dit : Répands ta soupe, et il faut que tu la répandes.»