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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/197

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ces réunions qui ne produisent d'une part qu'un dévouement trompeur, et qui excitent de l'autre une irritation réelle et terrible ? Dans ce moment on court chez la reine ; elle consent à venir au repas. On entoure le roi qui venait de la chasse, et il est entraîné aussi ; on se précipite aux pieds de tous deux, et on les reconduit comme en triomphe jusqu'à leur appartement. Sans doute, il est doux, quand on se croit dépouillé, menacé, de retrouver des amis ; mais pourquoi faut-il qu'on se trompe ainsi sur ses droits, sur sa force et sur ses moyens ?

Le bruit de cette fête se répandit bientôt, et sans doute l'imagination populaire, en rapportant les faits, ajouta sa propre exagération à celle qu'avait produite le festin. Les promesses faites au roi furent prises pour des menaces faites à la nation ; cette prodigalité fut regardée comme une insulte à la misère publique, et les cris : à Versailles ! recommencèrent plus violens que jamais. Ainsi les petites causes se réunissaient pour aider l'effet des causes générales. Des jeunes gens se montrèrent à Paris avec des cocardes noires, ils furent poursuivis ; l'un deux fut traîné par le peuple, et la commune se vit obligée de défendre les cocardes d'une seule couleur.

Le lendemain du funeste repas, une nouvelle scène à peu près pareille eut lieu dans un déjeuner donné par les gardes-du-corps, dans la salle du