Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/245

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stituant est une distinction chimérique, qu'une convention souveraine ne peut exister qu'en l'absence de tout gouvernement ; et que si l'assemblée est cette convention, elle n'a qu'à détrôner le roi et déclarer le trône vacant. Des cris l'interrompent à ces mots, et manifestent l'indignation générale. Mirabeau se lève alors avec dignité : « On demande, dit-il, depuis quand les députés du peuple sont devenus convention nationale ? Je réponds : C'est le jour où, trouvant l'entrée de leurs séances environnée de soldats, il allèrent se réunir dans le premier endroit où ils purent se rassembler pour jurer de plutôt périr que de trahir et d'abandonner les droits de la nation. Nos pouvoirs, quels qu'ils fussent, ont changé ce jour de nature. Quels que soient les pouvoirs que nous avons exercés, nos efforts, nos travaux les ont légitimés : l'adhésion de toute la nation les a sanctifiés. Vous vous rappelez de tous le mot de ce grand homme de l'antiquité qui avait négligé les formes légales pour sauver la patrie. Sommé par un tribun factieux de dire s'il avait observé les lois, il répondit : Je dure que j'ai sauvé la patrie. Messieurs (s'écrie alors Mirabeau en s'adressant aux députés des communes), je jure que que vous avez sauvé la France. »

À ce magnifique serment, dit Ferrières, l'assemblée tout entière, comme entraînée par une in-