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DE M. THIERS.

regard étincelant, d’entendre sa voix, de recueillir ses ordres de sa propre bouche, et de courir les exécuter à travers la fumée des champs de bataille. S’il faut des émotions au poëte, des scènes vivantes à l’historien, des vicissitudes instructives au philosophe, que vous manque-t-il, poëtes, historiens, philosophes de notre âge, pour produire des œuvres dignes d’une postérité reculée !

Si, comme on l’a dit souvent, des troubles, puis un profond repos, sont nécessaires pour féconder l’esprit humain, certes ces deux conditions sont bien remplies aujourd’hui. L’histoire dit qu’en Grèce les arts fleurirent après les troubles d’Athènes, et sous l’influence paisible de Périclès ; qu’à Rome, ils se développèrent après les dernières convulsions de la république mourants, et sous le beau règne d’Auguste ; qu’en Italie ils brillèrent sous les derniers Médicis, quand les républiques italiennes expiraient, et chez nous, sous Louis XIV, après la Fronde. S’il en devait toujours être ainsi, nous devrions espérer, Messieurs, de beaux fruits de notre siècle.

Il ne m’est pas permis de prendre ici la parole pour ceux de mes contemporains qui ont consacré leur vie aux arts, qui animent la toile ou le marbre, qui transportent les passions humaines sur la scène ; c’est à eux à dire s’ils se sentent inspirés par ces spectacles si riches ! Je craindrais moins de parler ici pour ceux qui cultivent les sciences, qui retracent les annales des peuples, qui étudient les lois du monde politique. Pour ceux-là, je crois le sentir, une belle époque s’avance. Déjà trois grands hommes, Laplace, Lagrange, Cuvier, ont glorieusement ouvert le siècle. Des esprits jeunes et ardens se