Aller au contenu

Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jeté à ses passions, et qui eut le singulier honneur, lorsque toutes les popularités finirent par le dégoût du peuple, de voir la sienne ne céder qu'à la mort. Mais eût-il fait entrer la résignation dans le cœur de la cour, la modération dans le cœur des ambitieux ? eût-il dit à ces tribuns populaires qui voulaient briller à leur tour : Demeurez dans ces faubourgs obscurs ? eût-il dit à Danton, cet autre Mirabeau de la populace : Arrêtez-vous dans cette section, et ne montez pas plus haut ? On l'ignore ; mais, au moment de sa mort, tous les intérêts incertains s'étaient remis en ses mains, et comptaient sur lui. Long-temps on regretta sa présence. Dans la confusion des disputes, on portait les regards sur cette place qu'il avait occupée, et on semblait invoquer celui qui les terminait d'un mot victorieux. « Mirabeau n'est plus ici, s'écria un jour Maury en montant à la tribune ; on ne m'empêchera pas de parler. »

La mort de Mirabeau enleva tout courage à la cour. De nouveau évènemens vinrent précipiter sa résolution de fuir. Le 18 avril, le roi voulut se rendre à Saint-Cloud. On répandit le bruit que, ne voulant pas user d'un prêtre assermenté pour les devoirs de la Pâque, il avait résolu de s'éloigner pendant la semaine-sainte ; d'autres prétendirent qu'il voulait fuir. Le peuple s'assemble aussitôt et arrête les chevaux. Lafayette accourt, supplie le