Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/327

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de la bonté du roi et de la gracieuse dignité de la reine. Pétion montra plus de rudesse ; il témoigna et il obtint moins d'égards. En arrivant, Barnave était dévoué à cette famille malheureuse, et la reine, charmée du mérite et du sens du jeune tribun, lui avait donné toute son estime. Aussi, dans les relations qu'elle eut depuis avec les députés constitutionnels, ce fut à lui qu'elle accorda le plus de confiance. Les partis se pardonneraient s'ils pouvaient se voir et s'entendre[1].

À Paris, on avait préparé la réception qu'on devait faire à la famille royale. Un avis était répandu et affiché partout : Quiconque applaudira le roi sera battu ; quiconque l'insultera sera pendu. L'ordre fut ponctuellement exécuté, et l'on n'entendit ni applaudissemens ni insultes. La voiture prit un détour pour ne pas traverser Paris. On la fit entrer par les Champs-Élysées, qui conduisent directement au château. Une foule immense la reçut en silence et le chapeau sur la tête. Lafayette, suivi d'une garde nombreuse, avait pris les plus grandes précautions. Les trois gardes-du-corps qui avaient aidé la fuite étaient sur le siége, exposés à la vue et à la colère du peuple ; néanmoins ils n'essuyèrent aucune violence. À peine arrivée au château, la voiture fut entourée. La famille royale descendit

  1. Voyez la note 22 à la fin du volume.