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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/332

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plus de volonté à lui, et que celle qu'il exprimait n'était que celle de ses oppresseurs. La paix de Catherine avec les Turcs, qui se conclut dans le mois d'août, excita encore davantage leur joie insensée, et ils crurent avoir à leur disposition toutes les puissances de l'Europe. En considérant le désarmement des places fortes, la désorganisation de l'armée abandonnée par tous les officiers, ils ne pouvaient douter que l'invasion n'eût lieu très prochainement et ne réussît. Et cependant il y avait déjà près de deux ans qu'ils avaient quitté la France, et, malgré leurs belles espérances de chaque jour, ils n'étaient point encore rentrés en vainqueurs, comme ils s'en flattaient ! Les puissances semblaient promettre beaucoup ; mais Pitt attendait ; Léopold, épuisé par la guerre, et mécontent des émigrés, désirait la paix ; le roi de Prusse promettait beaucoup et n'avait aucun intérêt à tenir ; Gustave était jaloux de commander une expédition contre la France, mais il se trouvait fort éloigné ; et Catherine, qui devait le seconder, à peine délivrée des Turcs, avait encore la Pologne à comprimer. D'ailleurs, pour opérer cette coalition, il fallait mettre tant d'intérêts d'accord, qu'on ne pouvait guère se flatter d'y parvenir.

La déclaration de Pilnitz aurait dû surtout éclairer les émigrés sur le zèle des souverains[1].

  1. Elle est du 27 août.