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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

et superstitieuses, et croyait voir marcher, avec la liberté et la tolérance, l’anarchie et l’impiété. L’esprit philosophique, dans son premier essor, avait dû commettre des écarts, et un roi timide et religieux avait dû s’en épouvanter. Saisi à chaque instant de faiblesses, de terreurs, d’incertitudes, l’infortuné Louis XVI, résolu pour lui à tous les sacrifices, mais ne sachant pas les imposer aux autres, victime de sa facilité pour la cour, de sa condescendance pour la reine, expiait toutes les fautes qu’il n’avait pas commises, mais qui devenaient les siennes parce qu’il les laissait commettre. La reine, livrée aux plaisirs, exerçant autour d’elle l’empire de ses charmes, voulait que son époux fût tranquille, que le trésor fût rempli, que la cour et ses sujets l’adorassent. Tantôt elle était d’accord avec le roi pour opérer des réformes, quand le besoin en paraissait urgent ; tantôt, au contraire, quand elle croyait l’autorité menacée, ses amis de cour dépouillés, elle arrêtait le roi, écartait les ministres populaires, et détruisait tout moyen et tonte espérance de bien. Elle cédait surtout aux influences d’une partie de la noblesse qui vivait autour du trône et s’y nourrissait de grâces et d’abus. Cette noblesse de cour désirait sans doute, comme la reine elle-même, que le roi eût de quoi faire des prodigalités ; et, par ce motif, elle était ennemie des parlemens quand ils refusaient les impôts, mais