Aller au contenu

Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
43
ÉTATS-GÉNÉRAUX (1789).

plus. Elle dut causer une profonde irritation dans un moment où, avant de s’attaquer, on commençait par se mesurer des yeux.

Le 4 mai, veille de l’ouverture, une procession solennelle eut lieu. Le roi, les trois ordres, tous les dignitaires de l’état, se rendirent à l’église de Notre-Dame. La cour avait déployé une magnificence extraordinaire. Les deux premiers ordres étaient vêtus avec pompe. Princes, ducs et pairs, gentilshommes, prélats, étaient parés de pourpre, et avaient la tête couverte de chapeaux à plumes. Les députés du tiers, vêtus de simples manteaux : noirs, venaient ensuite, et, malgré leur extérieur modeste, semblaient forts de leur nombre et de leur avenir. On observa que le duc d’Orléans, placé à la queue de la noblesse, aimait à demeurer en arrière et à se confondre avec les premiers députés du tiers.

Cette pompe nationale, militaire et religieuse, ces chants pieux, ces instrumens guerriers, et surtout la grandeur de l’événement, émanent profondément les cœurs. Le discours de l’évêque de Nancy, plein de sentimens généreux, fut applaudi avec enthousiasme, malgré la sainteté du lieu et la présence durci. Les grandes réunions élèvent l’âme, elles nous détachent de nous-mêmes, et nous rattachent aux autres ; une ivresse générale se répandit, et tout à coup plus d’un cœur sentit défaillir ses