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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

rité noble protesta contre cette démarche, soutenant avec raison qu'il n'était plus temps de demander l'intervention royale, après l'avoir si mal à propos refusée. Cette minorité, trop peu écoutée, se composait de quarante-sept membres ; on y comptait des militaires, des magistrats éclairés ; le duc de Liancourt, généreux ami de son roi et de la liberté ; le duc de Larochefoucauld, distingué par une constante vertu et de grandes lumières ; Lally-Tolendal, célèbre déjà par les malheurs de son père et ses éloquentes réclamations ; Clermont-Tonnerre, remarquable par le talent de la parole ; les frères Lameth, jeunes colonels, connus par leur esprit et leur bravoure ; Duport, déjà cité pour sa vaste capacité et la fermeté de son caractère ; enfin le marquis de Lafayette, défenseur de la liberté américaine, unissant à la vivacité française la constance et la simplicité de Washington.

L'intrigue ralentissait toutes les opérations de la cour. La séance, fixée d'abord au lundi 22, fut remise au 23. Un billet, écrit fort tard à Bailly et à l'issue du grand conseil, lui annonçait ce renvoi, et prouvait l'agitation qui régnait dans les idées. Necker était résolu à ne pas se rendre à la séance, pour ne pas autoriser de sa présence des projets qu'il désapprouvait.

Les petits moyens, ressource ordinaire d'une autorité faible, furent employés pour empêcher la