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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/95

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ÉTATS-GÉNÉRAUX (1789).

profond silence. Mirabeau, qui toujours s'avançait le premier, se lève : « Messieurs, dit-il, j'avoue que ce que vous venez d'entendre pourrait-être le salut de la patrie, si les présens du despotisme n'étaient pas toujours dangereux… L'appareil des armes, la violation du temple national, pour vous commander d'être heureux !… Où sont les ennemis de la nation ? Catilina est-il à nos portes ?… Je demande qu'en vous couvrant de votre dignité, de votre puissance législative, vous vous renfermiez dans la religion de votre serment ; il ne vous permet de vous séparer qu'après avoir fait la constitution. »

Le marquis de Brézé, grand-maître des cérémonies, rentre alors et s'adresse à Bailly : « Vous avez entendu, lui dit-il, les ordres du roi ; » et Bailly lui répond : « Je vais prendre ceux de l'assemblée. » Mirabeau s'avance : « Oui, monsieur, s'écrie-t-il, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au roi ; mais vous n'avez ici ni voix, ni place, ni droit de parler. Cependant, pour éviter tout délai, allez dire à votre maître que nous sommes ici par la puissance du peuple, et qu'on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. » M. de Brézé se retire. Sieyès prononce ces mots : « Nous sommes aujourd'hui ce que nous étions hier ; délibérons. » L'assemblée se recueille pour délibérer sur le maintien de ses précédens arrêtés. « Le premier de ces arrêtés, dit Barnave, a déclaré