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Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/128

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lacets, formant la base de sa composition, le dessinateur entremêlera des rinceaux jetés avec autant de sûreté que de grâce, il les terminera par un feuillage, où se retrouve encore un peu de la forme aldine, mais plus dégagée. Tout, en un mot, concourt à l’ensemble ; c’est une harmonie parfaite, et les plus beaux spécimens du genre, heureusement en très grand nombre, sont de vrais chefs-d’œuvre d’art décoratif.

Quoique le style grandiose de compositions aussi largement rendues doive paraître ne convenir qu’aux livres de grands formats, on ne l’appropria pas moins, et avec un égal succès, aux volumes de plus petites dimensions. Pour les reliures simples, les lacets plus ou moins larges étaient bordés par deux filets or assez fins et très nettement poussés, ce qui produisait un aspect général calme et du goût le plus pur. Mais quand on employait la peinture ou les peaux de diverses nuances découpées et formant compartiments, ces lacets de couleurs variées, rehaussés d’un filet or de chaque côté ou d’un trait noir, tranchaient agréablement sur le fond, et l’effet obtenu devenait d’une richesse et d’un éclat incomparables. La mosaïque qui, précédemment, n’avait été essayée que timidement, trouva même ici, on peut le dire, une de ses plus heureuses applications par rapport à la reliure[1].



III


Dès la fin du règne de François Ier, on décora beaucoup de livres dans le style de cette seconde manière, et presque tous les beaux livres reliés sous Henri II, pour ce souverain, pour Catherine


PLANCHE
  1. Autrefois, on appelait exclusivement reliures à compartiments celles composées de plusieurs couleurs ; c’était l’expression technique dont les relieurs se servaient, car ils ne les désignèrent jamais sous le nom de mosaïques. (Voy. Duddin.) De nos jours, les amateurs et même les gens du métier, sans avoir égard à l’attribution spéciale en matière de reliure donnée à cette dénomination, ont appliqué indistinctement et par extension le mot compartiment aux diverses divisions d’une composition d’ensemble, qu’elle soit mosaïquée ou non.