ils interprétèrent, plutôt qu’ils ne les suivirent servilement, les
modèles de la Renaissance italienne. On en trouve la preuve
évidente dans les lignes et les ornements, dans les décorations
extérieures et intérieures des édifices élevés par les architectes
français, et surtout dans ces magnifiques meubles tant admirés
aujourd’hui. Les détails d’ornementation, non moins que les
formes très étudiées et toujours d’une pureté de contours exceptionnelle,
répandent un charme très appréciable dans son originalité
sur toutes les manifestations d’un art devenu pour ainsi
dire sui generis et par suite si justement appelé la Renaissance
française.
Cette distinction entre les styles renaissance des deux pays a été traitée de subtile, cependant nous ne croyons pas qu’on puisse nous accuser de trop grossir la voix à propos de l’art modeste qui nous occupe, si, pour ajouter encore aux preuves déjà fournies d’abondance, nous faisons intervenir dans la question le style de ces splendides reliures, non seulement exécutées, mais de plus inventées en France sous les Valois ?
En effet, ce cachet particulier frappe les yeux et, s’il existe des reliures italiennes avec un reflet de ce style, il suffit d’un simple examen pour se convaincre qu’elles ne sont que des imitations. Enfin, sans s’arrêter à l’exécution, toujours inférieure chez les étrangers à celle des Parisiens, et ne s’attachant qu’au dessin lui-même, il est certain que les compositions des plus belles reliures italiennes connues, diffèrent essentiellement dans l’ensemble et dans les détails du style de nos reliures françaises d’alors et n’en approchent même pas pour l’élégance, la grâce et la hardiesse de conception. Les plus beaux livres de Grolier, dont cependant l’origine française n’est pas douteuse, suivant nous, seraient-ils éliminés d’un parallèle à établir, que les volumes, sans le moindre doute reliés à Paris, tels que ceux aux armes de Henri II, suffiraient amplement pour décerner à nos maîtres français la propriété de ce caractère spécial.