Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/158

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semblât commode d’y utiliser les fers qu’ils possédaient déjà, ils le pratiquèrent souvent et longtemps, tandis qu’à Paris sa durée courante chez les bons praticiens fut assez courte. D’après l’infériorité d’exécution de quantité de volumes dorés dans ce système, on doit croire qu’il n’y eut guère que les doreurs de second ordre et ceux de province qui continuèrent à le pratiquer, afin d’utiliser jusqu’au bout leurs vieux outils. (Voy. pl. XV.)

Si l’histoire ou plutôt la légende des doreurs de bottes se faisant doreurs de livres n’était pas seulement dénuée d’exactitude mais encore de vraisemblance, ce nouveau genre d’ornementation pourrait être attribué à ces artistes en chaussures. N’auraient-ils pas trouvé là, en effet, une occasion toute naturelle d’employer leurs roulettes à guipures et leurs fers pour buffleteries ? Mais la plaisanterie, nous l’avons démontré p. 28, ne saurait être prise au sérieux, quoiqu’on en ait affirmé souvent l’authenticité.

Revenant à ces dorures éclatantes à l’excès, nous dirons qu’il en existe bien peu témoignant de quelque adresse de la part de l’exécutant. Il s’en trouve cependant et certains amateurs seraient disposés à voir là le style du Gascon, opinion qui ne justifierait guère, il faut le dire, sa grande réputation parvenue jusqu’à nous.

Enfin cette prodigalité d’or vraiment exagérée fut bientôt remplacée par un type d’ornementation s’en éloignant du tout au tout. Qu’il faille y voir la conséquence habituelle de toute réaction amenée par l’abus ou le mérite intrinsèque du système d’une grande simplicité qu’on lui opposa, celui-ci n’en réussit pas moins immédiatement.

Les filets seront la base de ces nouvelles compositions ; placés aux bords, ils formeront aussi des encadrements intérieurs avec des fleurons d’angles pour tout ornement. C’était du reste la répétition d’une disposition très usitée pendant tout le xvie siècle sur tant de volumes reliés en veau et qui, adoptée de nouveau, servira pendant longtemps à orner les livres couverts en maroquin avec ou sans armoiries[1]. (Voy. pl. XVI.) Puis ces

  1. C’est l’encadrement si improprement appelé à la Duseuil, lequel naquit seulement en 1673.