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ANGONVILLE. Voy. Ingouville.


ANGUERRAND. Nous trouvons pour la première fois ce nom porté par un compagnon imprimeur au commencement du xviie siècle puis par Anguerrand (N…), compagnon libraire qui, le 21 août 1649, fut l’objet d’une mesure disciplinaire en même temps que vingt-cinq de ses confrères pour avoir étalé des livres sur le Pont-Neuf.

M. Deschamps cite dans son supplément au Manuel de Brunet (t. 2, 748) : Le Thrésor des plus belles chansons nouvelles de ce temps tant à boire qu’à danser avec plusieurs airs de cour nouveaux. Paris, Pierre Anguérrant, S. d. in-12. Il croit que ce recueil, très rare, serait de la première moitié du xviie siècle.

Un compagnon relieur du nom d’Anguerrand figure sans prénom dans une sentence du lieutenant de police du 27 février 1671, défendant aux compagnons libraires et relieurs de tenir boutique et de relier en chambre. C’est peut-être lui qui, s’étant fait recevoir maître plus tard, est nommé ci-après sous les noms d’Etienne Ier ou de Jacques.

— (Étienne Ier), désigné dans une liste de 1690 comme ayant qualité pour être reçu maître, il le fut peu de temps après, puisqu’il est partie au procès de 1698 en qualité de demandeur. Il demeurait rue des Sept-Voyes et dut mourir avant 1713, son nom étant biffé à cette date sur le registre de la confrérie.

— (Jacques), exerçait déjà en 1700. Il remplit les fonctions de Garde de la communauté des relieurs du 17 mars 1725 au 2 avril 1727.

— (Étienne-Louis), reçu en 1707 ou 1708.


ANGUERRAND (Pierre), fut reçu maître le 25 avril 1726. Augustin Duseuil étant mort, c’est Pierre Anguerrand qui lui succéda comme relieur ordinaire du Roi.

BREVET DE RELIEUR ORDINAIRE DU ROY POUR PIERRE ANGUERRAND.

Aujourd’hui 27 février 1746, le Roy étant à Versailles, ayant égard aux témoignages avantageux qui luy ont été rendus de la probité et capacité de Pierre Anguerrand, maître relieur à Paris, et voulant en cette considération le traiter favorablement, Sa Majesté l’a retenu et retient en la charge de l’un de ses relieurs ordinaires, vacante par le décès d’Augustin de Seuil dernier possesseur d’icelle, pour par luy l’avoir et exercer, en jouir et user aux honneurs, autorités, privilèges, franchises, libertés, gages, droits, fruits, profits, revenus et emolumens accoutumés et y appartenant tels et semblables qu’en a joui ou dû jouir led. S. du Seuil et ce tant qu’il plaira à Sa Majesté, laquelle, pour assurance de sa volonté, m’a commandé d’expédier la présent brevet qu’elle a signé etc.

(Archives Nat. O’90, p. 58.)

Élu administrateur de la confrérie du Saint-Sac, de Saint-Hilaire le 15 juin 1747 il fut ensuite nommé Garde de la corporation le 7 mai 1748, place qu’il occupa jusqu’au 28 juillet 1750. Il demeura jusqu’en 1769 rue d’Écosse, puis après rue des Amandiers.

Pierre Anguerrand eut de la réputation et c’est de lui que le libraire Barrois veut parler dans la note ci-après qu’il inséra dans le catalogue de M. de Selle rédigé en 1761 : « Les reliures sont pour la plus grande partie des fameux relieurs, Boyet, De Seuil, Padeloup et Anguerran. Ce dernier qui vit encore est très connu par la bonté de ses reliures. Il reliait pour MM. l’abbé de Rothelin, de Cotes et autres curieux qui l’emploient encore. » MM. de La Lande, de Boze, d’Argenson et de Paulmy furent aussi au nombre de