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gustave

peut-il rendre coupable d’un crime, d’un sacrilège aussi horrible ?

— Cela est bien aisé à voir, répond M. Dumont ; le sacrilège existe dans la profanation d’une chose sacrée.

— Certainement, mais supposons qu’un homme profane la parole de Dieu, le baptême ou toute autre chose sacrée, se rendra-t-il coupable du corps et du sang de Jésus-Christ ?

— Non… dit M. Dumont avec embarras : tout cela cependant ne prouve pas la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. De plus, je dis que chaque fois que l’Église romaine est obligée de défendre cette cause, elle ne peut s’expliquer, et c’est pour cela que plusieurs de ses prêtres et de ses fidèles ne croient pas plus à la présence réelle que nous, protestants.

— Vous me surprenez vraiment : cette assertion est nouvelle pour moi ; cependant, puisque vous êtes si capable de vous expliquer vous-même, vous serez assez bon, n’est-ce pas ? de me dire ce que vous croyez.

— Je crois en la présence spirituelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, répond M. Dumont. Quand il a distribué le pain à ses apôtres, ce pain était séparé, ainsi il ne pouvait parler qu’au figuré lorsqu’il a dit : Ceci est mon corps car son corps n’avait pas encore souffert et en conséquence la séparation réelle dont vous parlez n’avait pas encore eu lieu.

— Alors, pourquoi n’adorez-vous pas la présence spirituelle de Jésus-Christ lorsque vous communiez ? Jésus-christ est Dieu et vous savez que Dieu est adorable dans ses attributs comme dans sa personne

M. Dumont n’osait répondre.

— Pourquoi ne me répondez-vous pas ? continue le prêtre, craindriez-vous qu’en adorant sa présence spirituelle, vous en veniez à adorer sa présence réelle ? Dieu est inséparable : là où est sa présence spirituelle, là aussi est sa personne. De plus, je dis que nous tous, catholiques, croyons en la présence réelle de Jésus-Christ, c’est-à-dire, à la présence réelle de son corps,