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gustave

Dumont en l’embrassant. Oui, tu m’as suivie et j’en bénis Dieu ; espérons que ton père aura le bonheur que j’éprouve en ce moment. Dieu nous envoie parfois des peines passagères pour nous procurer des joies durables plus tard. C’est alors que nous reconnaissons son infinie bonté et apprécions la grandeur de sa miséricorde.

— Je vais vous quitter, chère mère ; mais je vous promets de suivre mon père et de vous le ramener.

Au même instant, M. Dumont, qui, grâce aux lois favorables des États-Unis, venait d’obtenir un acte par lequel il serait libre, si son épouse ne revenait pas au domicile conjugal, entra dans la maison, bien décidé de faire connaître à son épouse et à son fils ce qu’il venait de faire. Cependant lorsqu’il apprit la décision de Gustave, il parut content et ne fit rien savoir.

Aussitôt commencèrent les préparatifs du voyage.

Enfin, après plusieurs jours passés à tout mettre en ordre, le moment de la séparation arriva. Gustave conduisit sa mère au vapeur en destination de Saint-Louis.

M. Dumont les suivait à une petite distance en arrière ; troublé, il détournait la tête pour ne pas voir son épouse qu’il avait toujours aimée et respectée ; il pensait à sa fille, ange de douceur et de beauté, qu’il allait quitter.

Il eut un moment de repentir, et nul ne sait ce qui serait arrivé, si le dernier coup de cloche du vapeur ne l’eût tiré de ses réflexions ; les câbles se détachent… la passerelle se retire, et Gustave est encore dans les bras de sa mère.

D’un bond, il saisit son fils, qu’il enlève dans ses bras comme un tout petit enfant, et saute sur le quai. Le vapeur tourne sur lui-même et prend la direction de Saint-Louis. Gustave ne le perd pas de vue, il le voit s’engager dans un détour et disparaître. Ah ! mon Dieu, s’écrie-t-il, où est ma mère ? Mais que