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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/235

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gustave

Les trois prisonniers, voyant les carabines pointées, répondent :

— Les visages-pâles ont tué trois de nos frères l’autre jour, et nous voulions venger leur mort ; nous l’avions juré devant le Grand-Esprit.

— Ah ! vous croyez donc au Grand-Esprit ?

— Oui, oui, sans le Grand-Esprit rien n’existerait.

— Très bien ; mais ce Grand-Esprit vous a-t-il enseigné de faire comme le chacal et le tigre dans la forêt ? Vous a-t-il dit de piller et de massacrer ? Trois des vôtres ont trouvé la mort, il est vrai, mais n’est-ce pas votre faute ? Nous eussiez-vous laissés passer sans nous molester, vos frères vivraient encore, car nous ne voulons pas faire le mal comme vous. Le Grand-Esprit le défend à tous, à vous comme à nous. Si vous n’avez pas réussi, c’est parce qu’il nous a avertis de vos desseins cruels et perfides. Pourquoi n’écoutez-vous pas le Grand-Esprit qui défend de telles choses ? Eh bien ! que feriez-vous pour avoir votre liberté ?

— Ho ! ho ! nous jurons de ne jamais reparaître sur votre chemin.

— Le jurez-vous devant le Grand-Esprit ?

— Oui, nous le jurons devant le Grand-Esprit, répondent-ils en levant les deux mains.

— Bien ; à présent dites à vos frères d’en faire autant.

Les trois sauvages se tournent du côté des autres prisonniers, et une seconde plus tard, ces derniers lèvent les deux mains en prononçant le serment dans leur langue.

— Maintenant, reprend Gustave, je vais faire connaître à notre chef le serment que vous venez de faire, et peut-être sera-t-il disposé à vous faire grâce. Mais, écoutez bien, prenez garde de jamais vous retrouver sur son chemin, car il est terrible dans sa vengeance. Si jamais vous violez le serment que vous venez de faire, il vous fera rôtir à petit feu, des broches de fer rougies perceront vos chairs, et vos corps seront cou-