de payer pour garder ce qu’il possède ; bien plus, il ne pourra le garder longtemps, car avant peu, la dîme lui aura tout ôté.
— Je vois où tu veux en venir ; tu veux condamner cette dîme.
— Quel est l’homme juste qui ne la condamnerait pas ? Ne venez-vous pas de la payer vous-même avec répugnance ?
— Il est vrai que j’ai éprouvé de la répugnance en la payant ; cependant, à bien y penser, cette répugnance disparaît. On payait la dîme au temps des apôtres : et vous, catholiques, ne la payez-vous pas à vos curés ?
— Les catholiques paient une dîme, il est vrai, mais est-elle aussi onéreuse que celle-ci ? Au Canada, le fermier donne son vingt-sixième minot de grains et de légumes, mais après l’avoir récolté seulement : s’il récolte peu, il donne peu ; s’il récolte beaucoup, il peut donner plus, et cette dîme ne l’appauvrit pas. Il paie sa dîme avec plaisir, parce que le prêtre a besoin de vivre comme tout autre, et que cette dîme est raisonnable.
— Cela dépend des circonstances. Au Canada, l’Église est riche ; ici, tout est à créer pour le maintien de l’Église des Maints, qui ne fait que commencer.
— Et elle commence bien, d’après moi.
— Les catholiques ont été obligés de payer des dîmes plus élevées dans les siècles passés ; et même, en certain pays du vieux continent, la dîme est de beaucoup plus élevée qu’au Canada.
— Qu’est-ce à dire, cher père ? Si la dîme est plus élevée, c’est qu’elle est en rapport avec les besoins du culte et les revenus de ceux qui la paient. Mais vous n’avez jamais entendu dire que les évêques de notre Église entraient dans les maisons pour fouiller les coffres et les valises de leurs paroissiens, et leur faire payer la dîme sur chaque chemise, pantalon, etc., qu’ils possèdent, voire même le contenu de leur porte-monnaie.