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a abandonnée. Veuillez qu’il retourne à son épouse, ma mère, laissée sans appui. Hâtez, je vous prie, le jour de notre réunion.

Et il se tut, comme épuisé ; un silence profond suivit cette prière. M. Dumont pleurait ; le médecin même était ému.

— Que pensez-vous de la maladie ? demande M. Dumont avec anxiété.

— Votre fils est bien faible ; j’espère cependant pouvoir le sauver. Voici des remèdes que vous lui donnerez d’heure en heure, sans y manquer.

— Oui, monsieur ; faites tout ce que vous pourrez pour le rétablir.

Le médecin revint le lendemain.

— Comment le trouvez-vous ce matin ? se hâte de demander M. Dumont.

— Il me paraît un peu mieux, cependant je crains une rechute. Ne le quittez pas un seul instant, car s’il se réveillait sans vous voir, il pourrait arriver un malheur.

— Ne craignez rien sous ce rapport, dit M. Dumont, pâle comme la mort. Cet enfant est pour moi ce qu’il y a de plus cher au monde ; et je ne puis penser qu’il peut m’être enlevé.

— Évitez de le contrarier ou de lui faire de la peine, dit le médecin en regardant fixement M. Dumont ; avec du soin, j’espère qu’il sera rétabli dans quelques jours.

M. Dumont avait compris le regard du médecin, et il baissa la vue.

La fièvre ne quitta pas Gustave pendant plusieurs jours. Son père se tenait constamment à côté de son lit, sans prendre de repos ni jour ni nuit.

Cette maladie de son fils faisait une vive impression sur lui et, malgré les assurances du médecin, il craignait de perdre cet enfant qu’il aimait plus que lui-même ; il tremblait à la pensée qu’il pourrait lui être enlevé.