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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/54

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gustave

CHAPITRE VII

l’immaculée conception. départ de burlington


On était au mois de mai. Avec le retour de la belle saison, la nature semblait se réveiller d’un long sommeil. Le firmament, se dépouillant de son sombre aspect, revêtait son plus brillant azur ; le soleil, moins pâle, vivifiait de ses rayons dorés, la nature engourdie ; la terre, déchirant par lambeaux son linceul de neige, se couvrait de ses vêtements les plus beaux ; les arbres se décoraient de feuilles et de fleurs aux couleurs les plus variées ; les oiseaux, joyeux de la fin de leur captivité, faisaient entendre leurs chants les plus mélodieux ; l’homme même saluait ce retour, par une humeur plus gaie et une activité plus grande ; enfin les petits enfants faisaient éclater leur joie dans les jardins et les promenades, où ils se livraient à leurs jeux innocents. Toutes les créatures semblaient s’unir pour chanter les louanges du Créateur et le remercier de ses dons.

M. Dumont et sa famille étaient au salon ; Gustave, assis auprès de sa sœur, lui apprenait à lire en français. Madame Dumont, tenant à la main le catéchisme de Gustave, paraissait réfléchir sur ce qu’elle venait de lire. M. Dumont parcourait un journal ; tout à coup un paragraphe attire son attention, il le lit et le relit ; enfin, se tournant du côté de son épouse, il lui dit :

— L’Église romaine vient d’inventer une nouvelle doctrine, le 24 décembre 1854 ; le Pape a déclaré que Marie, mère du Sauveur, était immaculée dans sa conception.