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gustave

Alice s’était précipitée en même temps que son frère, en s’écriant : « Mon Dieu, sauvez mon frère. »

Le dévouement de ces deux enfants implorant Dieu, fait reculer de quelques pas les assaillants, mais ceux qui étaient en arrière, croyant à la pusillanimité de ceux qui étaient en avant, poussaient de leur côté et allaient les refouler, lorsque M. Dumont, ramené à lui même par la vue du danger que couraient ses enfants, s’élance en avant d’eux en s’écriant : Silence ! arrêtez ! arrêtez !… c’est mon fils et ma fille qui protègent cet homme, reculez-vous ! Et en parlant ainsi, M. Dumont, qui était d’une force extraordinaire, refoulait peu à peu ces furieux. Au même instant, le cri sinistre : Au feu ! au feu ! retentit dans la salle ; ce cri terrible eut son effet, les assistants s’échappèrent par toutes les issues, et une minute plus tard, il ne restait plus que M. Dumont, sa famille et le vieillard qui, pour maintenir son honneur et son droit, avait été la cause de ce tumulte.

— Monsieur, dit le vieillard en s’adressant à M. Dumont, vous êtes heureux d’avoir deux enfants aussi bons et aussi courageux. Après Dieu, je leur dois la vie, et je leur en serai toujours reconnaissant ; mais je ne veux pas rester ici plus longtemps ; ces hommes peuvent revenir, et je ne veux pas être la cause de nouveaux dangers. Puis, s’approchant de Gustave et de sa sœur, il les embrasse en ajoutant : Merci ! chers bons anges, que Dieu bénisse la sainte et héroïque action que vous venez de faire, et de grosses larmes inondèrent cette figure vénérable qui, tout à l’heure, n’avait pas craint d’affronter ses ennemis.

Il voulut descendre par le passage principal ; mais le gardien, craignant pour lui, le fit passer par un escalier dérobé.

Dès le lendemain, M. Dumont prit le parti de s’éloigner de cette ville où il avait été la cause de tant de désordre ; s’adressant à son épouse, il lui dit :

— Louise, préparons-nous pour le départ, nous