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ment M. Fairman ; de plus, je vous dirai que de tels avancés ne devraient pas sortir de la bouche d’un ministre de l’Évangile, parce qu’ils sont faux. Je veux bien croire, cependant, que la haine ou le préjugé vous a fait prononcer plus de faussetés que vous n’auriez voulu, et je passerai outre ; mais, monsieur, vous croyez donc les prêtres de l’Église catholique tout à fait dépourvus de raison ou d’intelligence ?

— Au contraire, répondit M. Dumont, la plupart sont très intelligents, c’est ce qui augmente leur culpabilité.

— Votre propre théorie vous confond : si la plupart des prêtres ont l’esprit et l’intelligence que vous leur supposez, ne pourraient-ils pas trouver d’autres moyens que de s’enfermer dans une espèce de cachot, qu’on appelle confessionnal, et là, se priver de leur liberté pendant des heures entières de jour et de nuit : y souffrir des postures incommodes et fatigantes ; y respirer toutes sortes d’haleines qui parfois sont propres à faire bondir le cœur ; et tout cela pour le simple plaisir de connaître les faiblesses de celui-ci ou de celui-là : ne serait-ce pas le comble de la folie ou de l’ignorance ? Quoi ! la position qu’ils occupent et l’influence qu’ils exercent ne leur permettraient-elles pas de se glisser dans les meilleurs salons, ou ailleurs, et là, jouir des plaisirs criminels que vous leur imputez, au milieu du luxe et des richesses, comme font les libertins ? Ces moyens, ils les ont à leur disposition, et si la confession n’était pas à leurs yeux une institution divine et sacrée, ils ne s’imposeraient point de pareils sacrifices. Vous savez que la sensualité hait tout ce qui la gêne.

— Vous ne nierez pas, j’espère, qu’il y a eu de très grands abus dans la confession secrète ?

— J’avoue qu’il y a eu et qu’il peut encore y avoir de mauvais prêtres qui, comme de nouveaux Judas, ont trahi leur divin Maître et avili leur vocation ; mais, grâce à Dieu, ils ne sont pas en grand nombre,