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gustave

Donc, l’Église n’a pas plus approuvé ce fait, que les deux autres que vous lui imputez.

— Attendez ! le martyre de Jean Huss ne fut-il pas ordonné par le concile de Constance, composé d’évêques de l’Église romaine ?

— Le concile de Constance ne prononça que sur ses opinions hérétiques ; mais sa mort fut l’œuvre de l’autorité civile ; l’histoire le prouve et nous dit même que les catholiques de ce temps ont déploré sa mort.

— Ces faits n’en ont pas moins été commis par des catholiques ; et tout nous porte à croire que c’était un dogme de l’Église à laquelle ils appartenaient, que de persécuter ceux qui se détachaient d’elle pour embrasser le protestantisme.

— Vous me surprenez, monsieur, car cette proposition ne se trouve pas plus dans les doctrines de l’Église catholique que les nombreuses calomnies inventées contre elle ; l’autorité ecclésiastique s’est toujours prononcée sur la doctrine et non sur l’individu, et loin de réclamer le droit de persécution, elle l’a toujours repoussé. Voyez les ouvrages des théologiens catholiques, étudiez leurs doctrines, et vous verrez que je dis la vérité.

— Mais pourquoi ces persécutions, ces atrocités commises par les membres de cette Église ? N’était-il pas du devoir du pape ou des évêques de les empêcher, de les faire cesser, puisqu’elles étaient contraires à la doctrine de l’Église qu’ils représentaient ?

— Combien de fois faut-il que je le répète ? les papes et les évêques étaient impuissants, leurs protestations multipliées inutiles ; les rois et les gouvernants avaient déclaré l’hérésie crime de lèse-majesté, et pourquoi ? C’est parce que les protestants, dès qu’ils se voyaient un peu nombreux, se révoltaient contre l’autorité royale, et faisaient tout en leur pouvoir pour renverser un souverain catholique, afin de le remplacer par un des leurs.

— Vous ne pouvez pas prouver ce que vous dites,