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ii. — rivalen et blancheflor

II. — Rivalen et Blancheflor.
(S, chapitre I-XV. — G, vers 243-1788. — E, strophes III-XXII).

S, chap. I.
[E 21-50].
G 243-6,
249-50,
257-61.
||* Il était un seigneur en Ermenie[1] : jeune, beau de corps, puissant en forts châteaux, bien né et bien enseigné, preux en chevalerie, sage au conseil, prévoyant et avisé, il surpassait tous les hauts hommes de cette terre pour les vertus qui conviennent aux barons. Rien en lui n’était à reprendre, hormis sa démesure *||. Il avait rassemblé autour de lui une nombreuse mesnie de chevaliers éprouvés, et l’eût voulue plus fournie encore et plus forte que sa richesse ne le permettait. Mais, large à donner, gracieux en son accueil, hardi en bataille, il conquit par sa prouesse au jeu des armes tant de terres et de proies qu’en peu d’années sa puissance et sa renommée s’accrurent autant que ses domaines.

(S manque).
G 320-32.
† Son nom était Rivalen ; son surnom, Kanelangrès. Plusieurs prétendent qu’il était de la terre de Loonnois et roi sur ce pays. Mais croyez-en Thomas, qui l’a lu dans l’estoire : il était d’Ermenie[2], et tenait

  1. S, en Bretagne ; mais plus loin (p. 27, l. 23 de l’éd. Kölbing) Ermenia est donné comme le nom d’une ville de Bretagne ayant appartenu à Rivalen. — G et ses continuateurs : Parmenîe. — E Ermonie. — Le fragment du Tristan en bas-allemand publié par Titz (Z. für deutsches Alt., XXV, p. 250, 125} donne Armonie ou Armenye (cf. Lambel, Germania, XXVI, p. 360, 3).
  2. J’ai emprunté ce passage à G, non appuyé par S. Avec toute vraisemblance, je crois : il est certain que c’est Thomas, et non Gottfried, qui a modifié la tradition universellement répandue au douzième siècle, selon laquelle Rivalen était roi de Loonnois : il a donc dû, avant Gottfried, s’en expliquer. — S et G appellent ce personnage Kanelangrès (Kanêlengres en G). S ne donne nulle part le nom de Rivalen ; mais il était dans Thomas : car E appelle