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AVANT-PROPOS


Thomas n’est pas le premier en date des poètes qui ont conté de Tristan, mais il est le premier dont l’œuvre n’ait pas péri tout entière. Nous en avons conservé huit fragments, seuls restes de cinq copies de son poème. Ces fragments, dont plusieurs font double emploi, et qui tous se réfèrent aux dernières aventures et à la mort de Tristan, forment un total de 3 144 vers, qui représentent environ le sixième de tout l’ouvrage.

Heureusement nous possédons, de ce roman mutilé, jusqu’à cinq dérivés. En voici l’énumération :

1o  La Saga. C’est une imitation directe, en prose norroise, du Tristan de Thomas. Elle a été composée en l’an 1226, sur l’ordre du roi de Danemark Haakon V (1217-1263). Le remanieur est ce même frère Robert qui traduisit aussi, pour ce roi grand amateur de romans français, la chanson d’Élie de Saint-Gilles. La destinée singulière qui a