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Charlot était arrivé à l’École de Pilotage par la voie des airs. Il fut reçu, à sa descente du ciel, par le monteur chef pilote et son mécanicien. À eux deux, ils formaient tout le personnel de cette école débutante. « Vous voulez sans doute apprendre à piloter ? interrogea le moniteur. — C’est mon plus cher désir ! répondit Charlot. — Parfait ! vous serez notre premier élève. À titre de propagande, l’enseignement sera gratuit pour vous. Mais, au fait… avez-vous de bons réflexes ? — Heu… c’est-à-dire… je n’en ai pas sur moi, mais si ce n’est pas trop cher je puis aller en acheter ! » Les deux aviateurs se mirent à rire de cette naïveté. Quand ils eurent expliqué à Charlot que les réflexes sont des réactions nerveuses inconscientes qui résultent d’oppressions extérieures, ils le conduisirent dans la chambre des épreuves afin de lui faire passer l’examen physique. « Avant de vous confier un avion, il est indispensable que nous sachions comment vous vous comporterez en cours de vol ! » dit sentencieusement le pilote en essayant son élève éventuel dans un fauteuil.
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Ce fauteuil était basculant. Charlot s’en aperçut quand il se trouva soudain les pieds en l’air et la tête en bas. Le moniteur s’empressa de lui expliquer : « Ceci, c’est un avant-goût des acrobaties que vous se appelé à exécuter en plein ciel. Figurez-vous que vous êtes, non dans un fauteuil, mais dans une carlingue. Comment trouvez-vous le paysage que vous avez sous vos yeux ? Et, dites-moi. que ressentez-vous ? — L’envie impérieuse de changer de position. — Qu’à cela ne tienne ! » fit le chef pilote en faisant un signé au mécanicien qui se mit à tourner la manivelle du fauteuil basculant à une vitesse folle. Certes, Charlot ne risquait rien, car il était attaché à son siège par une forte ceinture de cuir. Mais il en eut vite assez d’être ainsi secoué comme de la laitue dans un panier à salade. « Somme toute, vous avez bien supporté cette épreuve, lui dit le moniteur, veuillez prendre la peine de passer dans la pièce à côté. »
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Charlot obéit et il se trouva aussitôt environné de flammes de Bengale, de fusées, de marrons à feu, et abasourdi par une pétarade effroyable qui tenait à la fois du tir de barrage et de l’explosion dé plusieurs volcans entrés en même temps en éruption. Charlot se mit à hurler pour essayer de couvrir le vacarme : « Et l’édit contre le bruit, qu’est-ce que vous en faites ? » À peine était-il remis de cette émotion qu’il se trouva transporté par les soins du mécano dans une cloche de verre. Il protesta aussitôt : « Je ne suis pas un livarot pour qu’on me mette sous cloche ! Ni un camembert… ni du gorgonzola… » Tout à coup, Charlot sentit qu’il n’avait plus de souffle. L’air lui manquait. Le personnel de l’École de Pilotage s’occupait à faire le vide dans la cloche. « Nous voulons savoir si vous supporterez bien les hautes altitudes, lui expliqua le moniteur. En haute altitude, l’air se raréfie… c’est l’asphyxie… » Charlot s’imagina qu’il se trouvait dans la stratosphère : il fit un formidable effort pour échapper à l’asphyxie annoncée et réussit à briser sa prison de verre et à endommager quelque peu ses examinateurs.