Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/101

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Quels momens grands Dieux ! quels délices ! plus Fervieto enchanté de ſon yvreſſe me communiquoit de flammes, plus je lui rendois de plaiſirs. Nos ſoupirs confondus, nos expreſſions étouffées, notre égarement, notre délire, tout peignoit le déſordre de nos ames errantes, qui ſembloient par leurs tranſports vouloir s’échanger mutuellement ; tout nous fit goûter ce que l’amour fait ſentir de plus doux à des cœurs vivement pénétrés de ſon pouvoir ſuprême.

Nous nous oubliames ſi parfaitement dans cette occaſion, & nous primes ſi peu de précaution dans celles qui lui ſuccédérent, que nous fumes apperçus en certaines attitudes ſujettes à critique. Fervieto eut beau prêcher qu’on ne devoit point avoir honte d’une action juſte en elle-même, fondée ſur des principes de droit naturel, & appuyée par des décrets immuables, & qu’il falloit ſe mocquer des diſcours d’un peuple imbécile & extravagant ; je ne pouvois alors penſer comme lui. L’idée de la pudeur & de l’honnêteté, lui diſois-je, vient, à ce