Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/107

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Miniſtres furent autant de ſignes qui les perſuadérent que le Sanctuaire de mon Temple étoit fermé, que le magaſin étoit rempli, & que leurs offrandes étoient inutiles. Stafievo ſeul prit ſoin de la boutique ; & quoi qu’il eut moins contribué qu’un autre à la gloire dont j’étois comblée, il conſentit de la partager dans l’eſpérance de ſe rendre le maître & de diſpoſer d’un fond qui étoit pour lui un objet intéreſſant.

Naſirola étoit trop en colére pour juger des choſes équitablement, & pour ne pas les enviſager de travers. Au lieu de me complimenter ſur le ſuccès de mon négoce, & le bonheur de mon acquiſition, elle trouva mon avanture deshonorante, & me fit de vertes remontrances. J’eus beau faire valoir la néceſſité du commerce, la force de l’habitude. La fatalité de l’événement, l’irrévocabilité des Loix du deſtin, le deffaut de notre liberté, les attraits de notre dévotion, & le pouvoir du Dieu qui l’inſpire ; il fallut céder, & adopter ſes idées que Mentegiù s’aviſa d’aprouver.

Ce qu’on appelle vertu, diſoit-il,