Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83

ſatisfaire préciſément ; chaque paſſion à ſes attitudes particulières, & toutes nous agitent tour à tour ſi différemment, qu’on ne peut démêler celle qui nous domine ; c’eſt ce qui fait que notre caractère n’eſt point dévélopé. L’affectation d’ailleurs nous fait mentir depuis les pieds juſqu’à la tête, enſorte que nous ne paroiſſons jamais ce que nous ſommes en effet. L’inégalité, la bizarrerie, le caprice qui aſſiégent l’eſpéce humaine, ſont chez nous comme dans leur centre, pour peu que la ſévérité & la complaiſance, la vivacité & la langueur, la douceur & l’emportement s’en mêlent & varient leurs mouvemens ; nous ne nous reſſemblons plus d’un moment à l’autre, nous ſommes une énigme indéchiffrable.

Je croyois répondit-il, qu’il n’y avoit de différence entre les belles que celle des traits & des agrémens, & que quand on en connoiſſoit une dans le fond, on les connoiſſoit toutes. Non, non, repris-je ; quoique l’amour du plaiſir, l’envie déméſurée de ſe diſtinguer & de plaire, le dépit ſecret de