Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/16

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le canal, il ne peut rien ſans moi ; c’eſt de notre union que dépend la conſervation & la félicité des hommes.

Leur aveuglement plûtôt que leur réconnoiſſance, nous a fait dreſſer des Autels ; cependant nous ne ſommes point des Dieux. Les Dieux ſont eſſentiellement heureux, & nous cherchons toûjours à le devenir. L’indépendance eſt leur partage, ſouvent l’eſclavage eſt le notre. Ils ſont ſuffiſants à eux-mêmes, & nous ſoupirons continuellement pour un bien qui dépend d’une infinité de circonſtances étrangères. Maîtres de leurs cœurs, & leur donnant, pour ainſi dire, une nouvelle vie par les ſentimens que nous leur inſpirons, nous ſommes l’ame de leur ame, ils nous adorent comme des Divinités ; nous n’eſſayons pas de les détromper d’une opinion qui nous eſt ſi avantageuſe.

Qu’Hercules, Prométhée, Ogyges, Deucalion, ou quelqu’autre nous ait conſervé malgré le déluge ; il eſt certain que nous ſommes auſſi anciens qu’aucun être penſant. Nous ne tirons pas vanité de notre origine, tout ce