Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/26

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fréres ſouffriront-ils que je prenne la liberté de traiter une matière auſſi délicate ? ne me ſçauront-ils pas mauvais gré de révéler des myſtères ſecrets avec tant d’indiſcrétion ; car il faut entrer en un certain détail, & ne rien oublier pour que le portrait nous reſſemble. Si je dis la vérité ſans précaution, ils me feront une querelle, & une querelle juſte, puiſque la vérité toute nuë n’eſt faite que pour quelques mortels privilégiés, quelques ſages de la terre qui peuvent la conſidérer ſans déchet : un voile myſtérieux doit la dérober aux yeux du plus grand nombre ; parce que ſans ceſſe occupé de conſidérations baſſes, il n’eſt pas propre à la regarder fixement. C’eſt la prophaner que de la rendre commune, je le ſçais.

Si d’un autre côté je m’explique à la façon des Egyptiens, c’eſt-à-dire, par des emblêmes, par des figures, par des propos ambigus, & peut-être contradictoires, je me rendrai obſcur. Cela eſt d’une grande conſéquence, en ce que plus on parle aux hommes avec obſcurité, plus les hommes ſou-