Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/35

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petites choſes. L’on auroit une entière confiance en lui, ſi ſa trop grande vivacité & ſon indiſcrétion ne donnoient de juſtes ſujets de s’en défier. Pour y mettre un frein, on a jugé à propos de lui preſcrire des bornes qu’il ne peut paſſer ; on prétend même qu’il eſt aux arrêts dans ſa chambre. Il eſt vrai que l’on adoucit ſa contrainte par la liberté qu’il a de ſe réjoüir avec ſes amis, par le grand air & l’agrément de ſon Palais, c’eſt le ſeul qui ſoit environné d’une baluſtrade d’yvoire, par la reſſource de la converſation, de la muſique & des inſtrumens dont il joüe, qui ſont d’un corail très recherché des curieux. Sa perte en effet ſeroit irréparable ; & indépendamment de ſon utilité, il eſt amuſant on ne peut pas plus ; ſes liaiſons & ſes habitudes lui donnant le moyen d’être inſtruit de tous les diſcours qui ſe tiennent.

Il a deux voiſins qui ne le quittent jamais. Eſpions continuels & attentifs au moindre bruit, ils ramaſſent les nouvelles, & les lui reportent à meſure qu’ils les entendent. De peur d’en échaper aucunes, ils ſont toûjours aux