Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/53

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le Conſeil de guerre que je trouvai à demi vaincu par la frayeur d’une irruption auſſi prompte. Chaque membre diſputoit avec chaleur, & ne reſolvoit rien. Les uns étoient d’avis d’innonder l’ennemi, au riſque de ſubmerger le païs ; d’autres penſoient qu’il ſuffiroit pour le chaſſer de lâcher la grande écluſe : pluſieurs vouloient acheter la victoire par des torrens de ſang ; quelques-uns propoſoient la voye des négociations & croyoient qu’il falloit offrir un tribut ; mais perſonne ne ſe chargeoit d’exécuter.

Cependant les bombes que l’on jettoit ſans ceſſe, avoient mis le feu dans une infinité d’endroits, l’embraſement gagnoit de proche en proche. L’allarme étoit ſi chaude, le déſordre étoit ſi grand qu’on n’aportoit preſque aucun obſtacle, & qu’on ne cherchoit ſon ſalut que dans une fuite honteuſe. La déroute devint générale. Mon premier Miniſtre fit une ſortie, & battit la campagne pour eſſayer en ralliant quelques troupes de faire face à l’ennemi, & de lui diſputer le terrain pied à pied ; mais ſes exploits, n’aboutirent qu’à diminuer