Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/58

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ſéance, & s’y livroit avec affectation, pour peu qu’elle fût en vogue. Si j’eus ſçû la part qu’elle avoit aux méſures que l’on prit, j’aurois tâché de les rompre, car je ne pouvois la ſouffrir ; mais comme la mode prend ſur nous facilement, & qu’il eſt d’uſage d’inſtruire les Déeſſes de mon eſpéce, & leur ſuite ordinaire des préjugés de leur famille, je me laiſſai conduire ſans répugnance avec la mienne dans un ſéjour conſacré à la piété, où la ſuperſtition donnoit des leçons à pluſieurs Divinités comme moi.

Il fallut ſe plier au-dehors à ce qu’on exigeoit, ecouter des commentaires ténébreux ſur des myſtéres impénétrables, aſſiſter à des cérémonies puériles que la fantaiſie humaine a multiplié à l’excès, eſſayer d’embraſſer des règles impoſſibles à la nature, ſe mépriſer ſoi-même, reſpecter des ſots, mortifier ſes appétits, renoncer aux plaiſirs, aimer la douleur & les ſouffrances ; étoient les maximes ſur leſquelles on appuyoit tous les jours, & qu’on nous animoit à ſuivre par l’étalage des récompenſes magnifiques, reſervées aux diſciples ſoumis,