Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/68

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que vous êtes charmante ! on diroit que tous les amours ont pris ſoin de vous embellir. Que ce boſquet eſt bien planté ! que ce portail eſt beau !

Il faut convenir que ſon Vicaire malgré la groſſeur de ſes dimenſions, étoit plus agile que le mien, il ſembloit que tous les appartemens lui fuſſent familiers, & qu’il les connut de longue main. Rien ne reſiſta à ſa vivacité, il ſe fourra par tout, il donna par tout des marques de ſon intelligence, & me força bien-tôt de livrer mon ame au plus tendre égarement. Dès que ma bonne s’aperçût de l’ardeur avec laquelle je m’abandonnois au déſordre qu’inſpire la volupté, elle introduiſit par dégré à la place de ſon Vicaire, un Sacrificateur aveugle, une Idole obéïſſante qui ſuivit les mouvements qu’elle lui preſcrivoit. Place ? place ? dit-elle, en écartant de toute ſa force les colomnes déja ébranlées ; il faut achever ton ſacrifice mon petit cœur, & que ton hommage ſoit complet. Courage ! tu ne meurs pas de plaiſir friponne ! ah ! ah ! le voilà au pied du ſanctuaire où l’amour diſpenſe ſes graces, & répand ſes faveurs.