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6 AC AC

Villes abysmées, Vrbes absorptae chasmate, voraginibus, voyez Abysmé.

Abysmer, actif. acut. C’est jetter en abysme, et par translation, ravaller ou desrocher aucune chose du haut en bas, comme, Il m’a abysmé par sa malice et malignité. Nequitia sua me de alto in imum depressit, Et parce que ce qui est en abysme ne se void plus, nous disons Abysmer pour enfoncer si avant que ce soit comme s’il n’estoit plus. Il a abysmé son ennemy. Ad nihilum deduxit, euulsit, eradicauit, ex hominum contuitu erasit. voyez Abysme.

ACA, ou ACE, ou ACON, ville située en Phenice. Depuis elle a esté nommée Ptolemais par les Ptolomées roys d’Egypte.

acaire, m. acut. nom propre d’homme, Acarius.

Acanthe, voyez Branque Vrsine.

Acariastre, com. penac. Cil ou celle qui se gouverne par furie, et hors de toute raison, aussi luy adjouste-on presques tousjours ce mot fol, disant Fol accariastre, Insanus, Furiatus, Peut estre qu’il vient de kari id est caput : Comme si on disoit akaris un homme sans teste, c’est à dire sans cervelle ne entendement : ou de sainct Acaire, auquel on meine telles gens en pelerinage, ou de Acharis mot Grec, qui signifie sans grace.

acarnanie, Acarnania. Le pais d’Acarnanie est à present dict Ducat, ou Duché.

Accabler, actif. acut. C’est affouler aucun de coups pesans, l’aterrer à force de pesanteur, et de charger sur luy, Opprimere aliquem, Obruere.

Accablé, m. acut. Obrutus, Oppressus.

Accablée, f. penac. Obruta, Oppressa.

Accagnarder, act. acut. Composé de ad et cagnarder, qui vient de cagnard, qui est un lieu à l’abri du vent exposé au soleil, où les vautriens et faineants s’assemblent à rien faire, et estre le ventre au soleil, qu’on appelle pour ceste cause cagnardiers. Et signifie s’adonner à faineantise. Desidiae cessatrici ac inertiae sese dedere, turpi otio assuescere.

Accelerer, actif. acut. Est composé, et pur Latin, de ad et celerer inusité, qui vient de celer, aussi Latin qui signifie leger, prompt, habile. Accelerare, Le naïf François est haster, qui est d’action reflexive, car on dict, Je me haste, Accelero, Haste toy, Accelera, Il se haste, Accelerat.

Acceleration, f. Acceleratio.

Accent. m. Est pur Latin, et signifie l’elevation, ou rabbaissement, ou contour de la voix en prononçant quelque diction, Accentus, et consequemment signifie les virgules et marques apposées aux mots indicans les endroits d’iceux où il faut hausser, ou rabbaisser, ou contourner la voix : dont il y a trois manieres, accent aigu, dont voici la figure, / accent grief ou grave, ` et accent circonflex ou contourné, ^ ou ~.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite aiguë, est assis sur la derniere syllabe de la diction, comme il l’est en tous les noms masculins et infinitifs François, peu s’en faut, comme banny, baston, foüet, frapper, tuer, et autres.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite penacuta, est assis sur la penultiesme syllabe de la diction, comme en la pluspart des noms feminins François, beste, femme, Dame, foulée, et en certains infinitifs, braire, taire, frire, duyre, escourre.

Accent aigu, selon lequel la diction est dite antepenacuta, n’a point de lieu en la langue Françoise, si lon ne le vouloit placer en ce verbe Javeler, que aucuns prononcent par ledit accent, et bien fort peu d’autres.

Accent circonflex, ou contourné, selon lequel la diction est dite circonflexe, n’a point de lieu en la langue Françoise, si qu’on en ait notoire appercevance, si l’on ne vouloit dire, qu’il se trouvast en Neelle Chaalons, Seel, Laon, Caën, faon, Haa, et és feminins finissans en deux voyelles, foulêe, batûe, ou en une diphtongue et une voyelle, Blaye, saulsaye, playe.

Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus.

Accent grave, ou bas, Accentus grauis.

Accent circonflex, Accentus circunflexus.

Accentuer, act. acut. Est marquer et prononcer l’accent, Accentuum apices notare, Tenorum notas appingere, Accentum obseruare, efferre.

Accentuer une syllabe en haut ou en bas, ou en circonflex, Syllabam acuere, vel eleuare, Grauare, vel Deprimere, vel Circunflectere.

Accepter, actif. acut. C’est recevoir et avoir pour bonne et aggreable quelque chose, Acceptare.

Je l’accepte pour mon serviteur, Placet ac gratum mihi est in famulis illum habere, famulis adnumerare.

Accepter une loy, Legem accipere.

Accepter l’excuse ou purgation d’aucun, Se contenter de l’excuse, Satisfactionem accipere.

Acceptable, com. gen. penac. Recevable et aggreable envers chacun, Gratus, Acceptus, Mettable.

Acceptilation, f. acut. Est un payement ou plustost, un acquit imaginaire de ce qui est deu par stipulation, et se forme ainsi entre le debiteur, et le creancier. Tiens-tu pas pour eu et receu ce que je t’ay promis ? ouy je le tiens.


Acception, distinction, Acceptio, Acception de personnes.

Il ne faut point avoir acception de personnes en justice, Causae studendum est, non personae : Iuris ratio, non amicitiae habenda est : Deponenda est amicitiae persona simul ac calculus in manum sumitur, assumendaque integritas, iurisque religio.

Acces, m. acut. C’est entrée à quelque chose, Aditus.

Nul ne peut avoir acces à luy, Nemo potest ad illum accedere.

Acces de fievre, Accessus febris, Paroxismus.

Acceßion, f. acut. Appendix, Accessio.

Accessoire, com. penac. Ce qui est outre le deu, substance et principal de quelque chose, Accessio.

Estre accessoire, et se donner parmy le marché, Accedere.

Soy voyant en cest accessoire, Destitutione illa perculsus, Quintius, B. ex Cic. pour en ce danger.

Accessible, com. penac. Accessu facilis.

Accident, m. acut. proprement prins est ce qui advient à la substance, et departir s’en peut sans le deperissement d’icelle, comme, blancheur, curvature, et semblables. On en use aussi pour cas desastreux, malencontres et infortunes. Selon ce on dit, Il luy est advenu un grief ou grand accident. Grauis illi casus contigit. Ce sont de grands accidents. Grauia haec quidem sunt infortunia. Accidens, aussi est-il pur Latin, calamitas.

Un accident advenant au corps, ou à l’esprit au moyen de quelque cause que ce soit, Affectio.

Accidental, m. acut. Fortuitus.

Accidentale, f. penac. Fortuita.

Accoint, m. acut. Familier et amy d’approche, Pernecessarius, B. akoitis idem valet quod maritus, akoitis vxor, hinc forte, Accointance, Familiaris, familiaritas.

Mon accoint, Meus familiaris, Meus necessarius.

Accointable, com. penac. Aisé à hanter et estre fait amy, Pronus, Facilis ad conciliandum, Ad amicitiam ineundam.

Accointance f. penac. et familiarité qu’on a les uns avec les autres, Familiaritas, Consuetudo, Consortium.

Accointement, m. acut. mot peu usité, Conciliatio.

Accointer, act. acut. Composé de ad et cointer inusité, et signifie avec cointise et honesteté recercher aucun pour se le faire familier et amy, Probis honestisque rationibus alicuius beneuolentiam ac familiaritatem parare : In consuetudinem alicuius venire, comme, Il se veut accointer de gens de bien, Probos viros sibi amicos quaerit ac parare studet.

Accointer aussi est rendre et faire coint, joly et mignon : comme, Accointer une pucelle, c’est à dire, la faire cointe et jolie, Comere, Excolere, Redimire, Ornare.

Accoiser, ou Acquoiser, act. acut. Composé de ad et coiser inusité, et signifie rendre coy, s’appaiser, Quasi ad quietem reducere, comme, nous disons Appaiser, ad pacem, sub. reducere. l’Italien dit racchettare, acchettare.

Accoiser, Tranquillitatem facere, Tranquillare, Sedare.

Accoisé, m. acut. Sedatus, Tranquillatus, Compositus, l’Italien dit rachettato.

Accoisée, f. penac. Quieta, Sedata.

Accoller, act. acut. Composé de ad & coller inusité, & signifie proprement embrasser quelqu’vn, luy iettant les bras autour du col, mais on en vse aussi generalement pour embrasser. In complexum alicuius venire, Amplexari, Iniicere brachia collo, Amplexu collum prehendere.

Accollade, f. penac. Est l’embrassement qui se fait iettant les bras autour du col de celuy qu’on embrasse. Amplexus brachiis collo iniectis.

Acollée, f. Embrassement, comme, Le faisant cheualier, il luy donna l’accollée, voyez accollade.

Accommoder, act. acut. Est proprement rendre une chose commode, seante et propre à un autre, comme, Je luy veux accommoder une couronne sur sa teste, c’est à dire, Adapter une couronne, et la mettre bien proprement sur sa teste, Coronam illi ad caput accommodare, capiti adaptare.

Accommoder une espée à son costé, et la ceindre comme il appartient. Ensem lateri accommodare.

Accommoder sa voix et prononciation à la nature de la chose dont on parle, et prononcer selon que requiert la matiere subjecte, Vocem veritati accommodare.

S’accommoder à la volonté d’aucun, Accommodare et fingere se ad alicuius arbitrium et nutum.

S’accommoder au temps, Tempori inseruire.

Accommodable, com. gen. penac. Accommodable à toutes choses, Rebus omnibus aptabilis.

Accompagner, actif. acut. Est faire compagnie, Comitari, Dare se comitem alicui, Composé de ad et compagner inusité.

Suyvre et accompagner, Prosequi.

Accompagner tousjours aucun, sans le laisser jamais, Non discedere ab eius latere.

S’accompagner et s’associer d’aucun à faire la guerre, Consociare