Page:Thresor de la langue francoyse - 1606 - 1 - Nicot.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308 GA GA

Il estime faire gain de tout ce, Omne id deputat esse in lucro.

J'estime grand gain et proufit de, &c. Id ego in lucris pono, non ferre, etc.

J'ay plus estimé gain que repos, Lucrum praeposui sopori et quieti.

Poursuyvre tousjours le gain d'agriculture, Tenere studia agricolendi.

Terres gaignables, id est, labourables.

Gaillard, m. acut. C'est joyeux, gay, esbaudi, qui tressaut de joye, Hilaris, Il semble estre extraict de άγαλλάω, Grec qui signifie ce tressaillement en se resjouissant de quelque bonencontre. Le François a estendu ce mot à la signification de dehaict, pour dire joyeux, sans souci, prompt à tout faire sans precedant discours. Il le prend aussi en diminution de escervelé, pour celuy qui est peu moins que tel, et attribue le nom de gaillardise par attenuation à un acte follement et indiscretement fait et par trop grande jeunesse, par imitation de ce que ceux qui sont transportez de trop grande liesse, tombent en maints actes indecents, peu et mal considerez. Et en fait de navires, Gaillart, est le chasteau de derriere qui est fait du costé de poupe servant à mesme effect, de cet endroit du navire, que fait le chasteau devant du costé de prouë, et fabricque de pareilles pieces que ledit chasteau devant, voyez Chasteau devant.

Se monstrer gaillard et joyeux, Lætari.

Gaillardement, Eleganter.

Gaillardeté, qu'on dit plus usitéement gaillardise, Hilaritas, Faceta comitas.

Gaillardise, Hilaritas, Venusta facetia.

Gain, voyez Gaigner.

Gaine, f. penac. Est espece de fourreau, appropriée à couteaux, si en use on aussi pour fourreau d'espée et de dague, et dit on Desgainer l'espée ou la dague, Vagina, Duquel mot Latin il est fait, comme de werpir, guerpir, de Willelmus Guillaume, de vastum gast, et de Deuastare degaster, la lettre v, estant souvent par le François changée en g, Guaina, Ital. Vayna. Espagn.

Gaiole, Pic. Cage, Franc. Cauea, Caueola.

Gaioler, c'est babiller et caqueter comme un oiseau en gaiole.

Gaiure, cerchez Gaige, & Gageure.

galatie, voyez Amasie.

Du Galbanon, Galbanus vel Galbanum, {{grec}} [khalbanê].

Fait de galbanon, Galbaneus.

Galeace, f. penac. Est une espece de vaisseau de mer long et de bas bord, plus grand que la galere, et est de trente à trentedeux bancs de chaque costé, à cinq, six et sept rameurs pour banc. T. Liu. lib. 33. Parle d'une galere royale, Inhabilis prope magnitudinis, quam sexdecim remorum versus agebant, Et Virgile au 5. de l'Eneide, d'une autre qu'il nomme Chimere, l'accomparageant poëtiquement à une ville, Triplici pubes quam Dardana versu impellunt, terno consurgunt ordine remi, Où toutefois Servius dit que Omnes erant triremes.

Galerand en Bretaigne, est l'oiseau que nous appelons Butor en France, quasi Bostaurus, Ardea stellaris.

Galerie, voyez Gallerie.

galerne nom de vent qui fait geler les vignes.

gales, grand pays en Angleterre, Vuallia.

Galion, c'est une espece de vaisseau de mer rond et de guerre, dont les Princes usent ordinairement pour chef et principale piece en leurs armées de mer, Il est plus renforcé et communément de plus grand port et armaison qu'un navire, soit de port soit de guerre, et porte voile quarrée, comme le navire.

Galiote, f. penac. Est une espece de vaisseau de mer, long et de bas bord, moyen entre la fuste et la galere, plus grand que celle là, moindre que celle cy, car elle est de vingt bancs à chasque costé, à deux et trois rameurs pour banc, propre à faire courses, dont les Turcs et Mores corsaires usent ordinairement, Biremis.

Galiot, m. acut. Est le corsaire qui va exerçant le pillage sur la mer. La Princesse fut robée par galiots, c. prinse sur la mer par corsaires. Et combien que ce mot Galiot semble estre particulier à ceux qui vont exerçeants le cours avec galiotes, neantmoins és anciens escrits il est usurpé pour tout corsaire en general, procedant le mot paraventure de ce qu'iceux escumeurs de mer pour la plus part exerçoyent le cours avec telle espece de vaisseau, qui est moyen entre fuste et galere, comme a esté dit en Galiote. Galiot aussi se prend pour celuy qui vogue à la rame en vaisseau conduit par avirons, soit-il forçaire ou de bonne volonté. Il se trouve aussi usurpé pour nom propre d'aucuns hommes, comme, Galiot de la Tour, qui est le nom du seigneur de Lymeul.

Gallant homme, Scitus homo, Grapicus homo, B. ex Plaut.

Galle, Il vient de Callus, c mutato in g, Petigo, Impetigo, Scabies.

Galler, Scabere, Scalpere.

O comment il me galleroit ou festoyeroit s'il m'eust prins à desprouveu ! Si imparatum in veris nuptiis adortus esset, quos mihi ludos redderet !

Galleux, quasi Callosus, Scabiosus, Scaber, Scabrosus.

Bestiail galleux, Scabrum pecus.

Gallées ou Galeres, Actuariæ naues, Naues longæ, Semble que ce mot soit derivé de la langue Hebraïque : car Gala vaut autant comme Inuoluere. Inde Gal, cuius plurale est Gallim id est, aceruus,


fons, fluctus, vndarum inuolutio, inundatio, Et de la sont dites les Galeres, quod seruant ab inundationibus.

Gallée de trois rames pour banc, Triremis, Trieris.

Gallée de cinq rames pour banc, Quinqueremis.

Gallée d'onze rames pour banc, Vndeciremis.

Nesichthon fut le premier qui feit ou inventa les gallées à cinq rames pour banc, Quinqueremem instituit Nesichthon.

Estre envoyé aux galeres, In ergastula nautica relegari, B.

Estre condamné aux galeres perpetuelles, ou à tousjours, Ætatem in vinculis esse nauticis, aut in ergastulo nautico, B.

Gallerie où on se pourmeine, Ambulatio, Ambulacrum, Dictum videtur quasi Allerie, ab eundo Aller.

Galleries descouvertes, Hypethræ, Paradromis.

Gallerie couverte, large et spatieuse à se pourmener, ou luicter, et faire autre exercice, Xystus xysti.

Les galleries de la court, Peristylium, B.

Gallerie ou pourmenoir, où on se retiroit pour le soleil ou pour la pluye, Porticus.

Une façon d'allée et gallerie close de toutes pars, Cryptoporticus.

Galliot, herbe autrement nommée Resize, ou Sanemonde, Caryophyllata.

Galloner, et frotter fort en amignottant, Permulcere, Demulcere.

Galoches, f. penac. plur. num. Sont des souliers de bois d'une piece, sans courroye ne autre equippage de cuir, que les povres gens de village portent en temps d'hyver au lieu de souliers de cuyr. Et partant ce n'est ce que l'Italien appelle Zoccoli, antepenac. & l'Espagnol Abarca, pen. (Car il y a une portesemelle de cuir) desquels maints Franciscans d'estroicte reigle usent, aussi le tire-il du Latin Soccus, là où le François et l'Espagnol, qui dit Gallochas, Le tirent de Calones aussi Latin, mais prins du Grec κάλον, Qui signifie bois, estans appelez Calones, Les souliers qui sont faicts de bois, comme dit Festus, ou bien de κάλοποδια pur Grec, qui signifie le mesmes que Calones, Et ce par la mutation de la tenve C, en sa moyenne G (ce que les langues vulgaires ont accoustumé faire quand elles tirent quelque mot, du Grec ou du Latin, comme, J'ay dit autre part) ou voirement de cet autre Grec καλόπουζ, duquel veritablement est tiré ce mot Sclops, per prothesin et synaeresin, Duquel le Languedoc et nations adjacentes usent pour galoches. Et de ce dessus appert qu'il ne le faut pas escrire par deux ll, galloches, car, pour maintenir telle corruption d'escriture, le vouloir tirer de ce mot Gallicæ (dont Ciceron seul d'entre tous les Latins a usé en la 2. Philipp. comme dit A. Gell.) ainsi qu'a fait Nebrisse, Bayf, et autres, Il n'y a point de raison, veu que ledit Gellius en escrit au livre 13. chap. 20. où il donne à entendre, que Gallicæ, estoit une espece de souliers usitée par gens effeminez, comme Beroaldus et autres disent sur ledit passage de Ciceron.

Galochier, m. acut. Est ores substantif, et signifie l'artisan qui fait les galoches ; Calopodiarius ; par Analogie de Crepidarius, Dont Sempronius Asellio lib. ter. gestar. 14. a usé, id est crepidarum sutor, comme dit A. Gell. audit livr. 13. chap. 20. mais il faudroit dire, Calopodiorum excauator, Car tels maistres galochiers, avec outils de fer à ce appropriez, cavent dans les pieces de bois siées pour faire galoches, l'enchausseure ou enchasseure du pied, depuis la poincte jusques au talon, et n'y ont rien à coudre, voyez Galoches. Et ores est adjectif, et mot de rabbais et vilipende, signifiant celuy qui va chaussé de galoches (bien usité entre les Escoliers en l'Université de Paris) et est prins metaphoriquement, pour grossier, incivil, mausade, par ce que les ruraus et villageois qui usent de telle maniere de chaussure, ont pour la plus part, telle nourriture, moeurs et complexions, Inurbanus, Agrestis, Inciuilis, munditiei expers.

Galochiere, f. penac. a les mesmes significations que Galochier, voyez Galochier.

Galocher, neutr. acut. Est se comporter à la façon et manieres des rustiques usans de galoches, Illaute, Inurbane, Se in rebus agendis gerere, Et est d'energie metaphorique pour despris, comme, Il ne fait que galocher, Nihil non inciuiliter agit, hominis rustici ac inurbani mores nulla in re non agnoscas, Il se prend aussi pour tracasser çà et là sans raison, Hac illacque nullo iudicio cursitare, Par ce que les villageois indiscretement se meuvent, et pour chose de neant, à courir et tracasser çà et là.

Galop, Calpe, huius calpes, {{grec}} [kalpê].

Galoper, καλπάζειν, Græci dicunt, equum ad ingressum exultantem vrgere, hinc nostrum Calopare, vulgo Galoper dicitur. Cursum etiam quo quis insidens equo, alterum quantum potest celerrime trahit, Calpem Græci vocant, Gallice Galop : et hinc καλπάζειν galoper, ex B. et Ruell.

Gambade, Crurum in sublime iactatio.

Gambader, jetter gambades, Crura in sublime iactare, Il vient du mot Picard Gambe, que les François dient Iambe, voyez Iambe.

Ganif, m. acut. Est une espece de petit couteau à trencher les plumes à escrire, qu'on appelle par nom composé, Trencheplume, m. acut. Pennæ temperatorium, Toutesfois on use plus communément en France du diminutif Ganivet.

Ganifvet, ou bien ganivet, m. acut. Est le diminutif de ganif, et de la mesmes signification qu'iceluy son entier l'Espagnol dit Ganivete aussi pour un petit couteau poinctu.

Gan, Chirotheca, Digitalia, Le Picard dit Ouaine ou Waine, ce que le François dit Gaine, et le Latin Vagina, et de ce Ouaine ou Waine, le Picard dit Ouan, ou Wan, ce que le François dit Gan, Est enim