tion de la république, n’eut aucun commerce avec les riches qui habitaient les campagnes, ne leur donna pas ses filles eu mariage, et ne prit pas chez eux des épouses.
XXII. Après ces événemens, et dans le même été, les habitans de Chio, conservant toute l’ardeur que d’abord ils avaient fait paraître, se montraient aux villes ; et sans l’assistance des Péloponnésiens, ils les faisaient soulever. Comme dans les dangers qu’ils provoquaient ils voulaient avoir le plus de compagnons qu’il serait possible, ils allèrent seuls, avec treize vaisseaux, faire la guerre à Lesbos. C’était le second endroit où les Lacédémoniens avaient donné ordre de se porter. De là ils se passèrent dans l’Hellespont. En même temps, ce qui se trouvait d’infanterie du Péloponnèse et des autres alliés de la contrée, se rendirent à Clazomènes et à Cume. Évalas de Sparte avait le commandement de ces troupes, et Diniadas, sujet de Lacédémone, celui de la flotte. Les vaisseaux arrivèrent d’abord à Méthymne, et ce fut la première ville qu’ils firent soulever[1].
XXIII. Le Lacédémonien Astyochus, général de la flotte, faisant voile de Cenchrées, se rendit à Chio suivant sa destination. Le surlendemain de son arrivée, prirent terre à Lesbos les vingt-cinq vaisseaux que commandaient Léon et Diomédon. Léon était parti le dernier d’Athènes avec un renfort de dix vaisseaux. Astyochus, le même jour, mit en mer sur le soir, et joignant à sa flotte un navire de Chio, il fit voile pour Lesbos, dans la vue d’y donner, s’il était possible, quelque secours. Il aborda à Pyrrha et le lendemain à Éresse. Là il sut que les Athéniens avaient pris d’emblée Mitylène. Comme on était loin de s’attendre à leur arrivée, ils étaient entrés dans le port, s’étaient emparés de la flotte de Chio ; et ayant fait une descente, ils avaient battu ce qui leur voulait résister, et s’étaient rendus maîtres de la ville. Voilà ce qu’Astyochus apprit des habitans d’Éresse et des navires de Chio qui arrivaient de Méthymne avec Eubule ; ils y avaient été laissés, mais ils avaient pris la fuite lors de la prise de Mitylène, et ils étaient avec Eubule au nombre de trois ; un quatrième était tombé entre les mains des Athéniens. Astyochus, à cette nouvelle, ne continua pas sa route vers Mitylène ; mais il fit soulever Éresse, arma les hoplites de sa flotte, leur donna pour commandant Étéonice, et les envoya par terre à Antysse et à Méthymne. Lui-même s’y rendit par mer avec les vaisseaux qu’il avait à ses ordres et les trois de Chio. Il comptait n’avoir qu’à se montrer pour donner du courage aux habitans de Méthymne, et les maintenir dans leur révolte ; mais comme tout lui fut contraire à Lesbos, il retira ses troupes, et reprit la route de Chio. L’armée de terre qui avait été embarquée, et qui devait aller dans l’Hellespont, revint et rentra dans les villes. On reçut ensuite à Chio six vaisseaux de la flotte du Péloponnèse qui était à Cenchrées.
Quant aux Athéniens ils apaisèrent la révolte de Lesbos, partirent de cette île, prirent Polychna, ce fort que les habitans de Clazomènes avaient élevé sur le continent, et les firent retourner dans leur île, excepté les chefs de la rébellion. Ces derniers se retirèrent à Daphnonte. Ainsi Clazomènes rentra sous la puissance d’Athènes.
XXIV. Le même été, les guerriers de cette république qui tenaient Milet en échec avec les vingt bâtimens qu’ils avaient à Ladé, firent une descente à Panorme, dans les campagnes de Milet, et tuèrent le général lacédémonien Chalcidée, qui vint au secours avec trop peu de monde. Le surlendemain, ils partirent après avoir dressé un trophée ; mais les Milésiens le renversèrent, comme élevé par des gens qui ne s’étaient pas rendus maîtres du pays.
D’un autre côté, Léon et Diomédon, avec la flotte athénienne de Lesbos, partirent des îles Œnusses qui sont devant Chio, de Sidusse et de Ptélée, forteresses qu’ils occupaient dans l’Érythrée, et de Lesbos ; ils allèrent infester Chio par mer. Ils avaient sur leurs bâtimens des hoplites enrôlés et obligés au service. Ils descendirent à Cardamyle, battirent à Bolysse ceux de Chio qui s’avancèrent contre eux, en tuèrent un grand nombre, et firent soulever les
- ↑ On croit qu’il manque ici quelque chose au texte. Thucydide, au prochain paragraphe, parle de quatre vaisseaux de Chio, qui étaient restés à Méthymne, et raconte que les Athéniens enlevèrent à Méthymne la flotte de Chio. C’est ce qui a fait penser à Valla qu’il disait ici que les vaisseaux de Chio arrivèrent à Mitylène et en gagnèrent d’abord cette ville à la défection ; qu’il en resta quatre pour la garder, et qu’ensuite le reste de la flotte alla faire soulever Mitylène. Il a exprimé cette conjecture dans sa traduction.