Aller au contenu

Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En terminant, il demande à M. Henri Heine de prendre la direction du mouvement allemand, « pour ramener l’esprit enthousiaste de mélancolie outrée aux beautés plus réelles d’une pensé sévère. » Et comme il ajoute que « les jeunes écrivains font tous leurs efforts maintenant pour se laisser guider par le cachet qui leur est propre et se confient avec plus de foi à leurs tendances particulières, » on pourrait, peut-être déjà pressentir sous cette formule, — si peu nette soit-elle, — la première expression d’une personnalité qui se cherche et le rêve d’une réaction contre les devanciers.

Ce mépris pour la bohême de lettres se marque de nouveau dans les opinions de Leconte de Lisle sur Sheridan ; son mépris aussi pour l’improvisation littéraire s’y affirme. Le brillant auteur comique aurait pu être un « réformateur » ; il ne l’a pas voulu, dit-il. « Cet écrivain indolent prodiguait avec trop de facilité les éclairs de son esprit pour qu’il se souvînt de son génie. Les bizarreries artistiques de sa vie privée rejaillissaient sur ses œuvres ; il composait par saccades. » L’esprit aussi, qui « s’allie rarement au génie, » est un obstacle que Sheridan ne sut pas franchir et qui l’empêcha de fournir toute sa course. Il ne faudrait pas croire cependant que Leconte de Lisle