Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/203

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pleinement la mélancolie des souvenirs. En ces jours calmes de l’année qui tombe, sous ces hauts arbres fiers de leurs dernières feuilles rousses, le long de cette tranquille rivière qui s’en va, comme en flânant, vers la mer, aux rayons d’un soleil qui coquête encore, c’est le passé qu’on évoque tout le passé des heures d’amour.

Tout à coup les moulins et les ponts de Chancors apparaissent, barrant l’horizon. À droite, cette prairie basse où des tentes sont dressées, c’est Babelouse[1]. Encore quelques pas le long de la rivière ; nous traversons les ponts et la chaussée ; un ami vient à nous, en la maison duquel nous devons finir la journée ; nous descendons ensemble vers le pâtis, et nous voilà en pleine foire.

Avec un peu de bonne volonté, je pourrais me croire en un Pardon. Ce sont aussi des barraques de toile avec des oiseaux en plumes, des poupards en carton, sans bras et sans jambes, à la grosse tête peinturlurée, des soldats de plomb, des trompettes, des montres, des mirlitons, des bagues de cuivre. Ce sont des enfilées de bonnets de mousseline et de

  1. Le nom de la prairie a donné son nom à cette « assemblée » du 18 octobre. Mais d’où vient le nom de la prairie ?