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Page:Tiercelin - Bretons de lettres, 1905.djvu/260

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bout, à gauche, l’Église, une grande église moderne un peu nue et, sur la pente, un peu au delà, à droite, le château des Kerjégu.

Il y a quelques années encore, on voyait à gauche et en avant de l’église nouvelle, un illustre débris de l’ancienne, la Vieille Tour. Après des négociations orageuses et non sans opposition et sans colères de beaucoup de paroissiens de Scaër, la Vieille Tour a été vendue à la fabrique de Guiseriff, bourg voisin et rival de Scaër. Les vieux n’ont pas vu sans douleur s’en aller les charettes qui emmenaient pierre à pierre leur célèbre clocher et, un moment, on a pu craindre des esclandres. Du temps de Brizeux, les choses ne se seraient pas passées avec cette tranquillité, et les gars de Guiseriff auraient du batailler pour avoir leurs pierres. Aujourd’hui on est plus calme, et les bardes qui, autrefois, auraient entonné le chant de guerre, se sont bornés à faire lutter dans les airs les deux coqs des clochers. Le coq de Guiseriff et le coq de Scaër ont échangé des boutades rimées et toute la verve des deux paroisses s’est dépensée en chansons.[1] N’est-ce pas ainsi que tout finit en France, et Scaër

  1. Lire à ce sujet les amusants poèmes des abbés Martin et Le May que l’Hermine a publiés.