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avant l’amour

— Qu’a donc ma mère à te tourmenter ainsi ? me dit Maxime, un jour, dans une promenade en tête à tête. Quel crime as-tu commis pour provoquer ces réticences, ces menaces, ces allusions lancées avec le tact habituel ?

J’hésitais. Puis, n’osant encore me confier à Maxime, jalouse de mon secret, j’excusai ma marraine sans expliquer son attitude. Maxime me regarda :

— Tu n’as pas confiance en moi. Tu as tort. Je vois bien que tu n’es pas heureuse.

— Ne me rends pas ingrate.

— Ingrate !… Ah ! si tu as la superstition de la famille, tu es sacrifiée d’avance, crois-moi.

Je n’insistai pas. Maxime pourtant m’étudiait avec une curiosité croissante. Il se plaisait à développer devant moi les paradoxes les plus inattendus. Pressentant une épreuve, je me renfermais dans une réserve extrême, mais souvent je lui donnais raison. Trop inexpérimentée pour discuter, je le voyais démolir