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avant l’amour

sait soudain les yeux d’or ; la bouche volontaire se détendait avec un pli las, et la main qui pressait la mienne lui communiquait sa fièvre subtile, sa nervosité, ses frissons… « Marianne, tu m’aimeras. Oh ! ma douce, ma chère Marianne, amie indulgente à ma chimère, répète-moi les mots qui m’empêcheront de souffrir. — Maxime, je voudrais t’aimer. » Il se laissait glisser à genoux, et je ne savais quelle hantise le forçait à chercher l’oubli, la nuit, l’anéantissement de la pensée et du désir dans les plis de ma robe, aux creux de mes genoux, dans la douceur de ma poitrine… Il souffrait d’une souffrance qui échappait à ma puissance consolatrice et sur son orgueil vaincu, sur sa tristesse et sa faiblesse, je laissais descendre ma pitié… Et voici que peu à peu la nostalgie de l’amour me gagna, contagieuse et dissolvante… Les baisers incertains de Maxime multiplièrent la suggestion d’autres baisers, et j’oubliai la bouche qui me donnait ces baisers pour savourer les baisers mêmes… Sur le cœur du jeune homme, je parus m’attendrir et