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Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/324

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avant l’amour

remords, après des palinodies et des parjures, certain de n’avoir transgressé que des lois sans sanction, de puériles règles établies pour les esprits inférieurs. Je ne pouvais plus juger celui qui m’avait aimée d’un amour sincère jusque dans ses égarements. Et, bien qu’il eût revêtu, cet amour, les aspects de la luxure et de la haine, je me rappelais des mots jaillis des profondeurs d’une âme, un trouble qu’on ne feint pas, des mains qui tremblaient et se glaçaient entre les miennes. Je comprenais combien j’avais fait souffrir Maxime et comment mon inexpérience, ma jeunesse, une obscure et féminine perversité l’avaient soumis au supplice de Tantale. Maintenant, en me jugeant moi-même, je n’osai plus le condamner.

Le jour pâlit à travers les rideaux. Je me levai. Une vapeur crépusculaire noyait les silhouettes des arbres, les bruns labours, les chaumières basses. Le paysage était confus, frais et bleuâtre. L’étoile du matin brillait d’un feu blanc.

Une lueur courut à l’orient. Le chant des