comme illuminé d’une pâleur d’aube. Longtemps, il me laissa pleurer. Peu à peu mes bras, roidis pour le repousser, se détendirent. Sa main se posa sur mon cœur, j’étais domptée. Alors il me parla humblement :
— Tu me pardonnes ?
— Hélas !
— Est-ce un regret ou un reproche ?
Je répondis avec amertume :
— Je ne suis pas moins coupable que toi.
— Coupable ! Pauvre enfant ! Que dis-tu ? Pourquoi et comment serais-tu coupable ? Je ne t’avais tendu aucun piège, nous n’avions rien prémédité. Oh ! Marianne, ce moment est venu parce qu’il était inévitable. Malgré nos colères et nos craintes, depuis si longtemps, nous nous aimions !
Je secouai la tête. Il reprit :
— Ma bien-aimée, ne le nie pas, ne t’accuse pas, ne te méprise pas. Le passé a triomphé malgré nous. Pourtant, je n’espérais plus rien. Après bien des luttes, après bien de cruelles et lâches pensées, je m’étais habitué à l’hor-