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Page:Tinayre - Avant l amour.pdf/35

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mière robe longue, cet art de dissimulation qu’elle exercera plus tard, contre ces mêmes épouseurs devenus des maris. Si par hasard les livres trop éloquents, les amitiés trop curieuses sont écartés du gynécée, la vierge conservée jusqu’à dix-huit ans dans cet état de candeur idéale arrive au mariage dépourvue de tout recours contre la conspiration des familles et des jeunes gens. On lui présente un fiancé pareil à la moyenne des hommes qu’elle a rencontrés dans le monde. Parfois, sans déplaire, l’étranger ne plaît qu’à demi… Mais le père, la mère, la nécessité de s’établir, la vanité d’être madame se liguent contre ces légères et significatives répulsions que la jeune fille elle-même trouve déraisonnables, ignorante qu’elle est des raisons profondes et des conseils de l’instinct. Elle se marie donc ; elle accepte un contrat dont elle ne connaît point la principale clause — cette clause qui l’eût fait reculer et se reprendre dans une révolte de pudeur — elle jure une fidélité dont elle ignore le prix, une obéissance dont elle ignore