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avant l’amour

formé. Il était galant, il était espiègle. Et sur une répartie un peu vive, oubliant le souci des convenances dont il ne se départait jamais, il mit un baiser sur mon bras nu.

Soyons sincère tout à fait : mon indignation ne fut qu’apparente. Je ne sais quel sentiment de vanité me rendit la clémence facile. Cependant, revenue dans ma petite chambre, je sentis, à ma grande surprise, que j’étais émue à peine et pas heureuse du tout. Quoi ! c’était cela l’amour ?… J’étais, bien malgré moi, d’une froideur désespérante et l’image de Francis ne me donnait pas, quand je l’évoquais, cette secousse au cœur, cette émotion lancinante qu’il me semblait nécessaire d’éprouver.

Pauvre Francis ! Si je fus avec lui ingénument coquette et provocante sans m’en douter, je m’efforçai de l’aimer de la meilleure foi du monde. Malheureusement, ni son caractère paisible, ni sa lourde personne trop bien portante, ne favorisaient l’exaltation sentimentale qu’il m’eût été si doux de ressentir. Aussi quand je revis M. Perclaud, à le trouver si