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avant l’amour

« Oh ! comme je l’aiderai, comme je saurai le soutenir et le comprendre !… Je me dévouerai à son œuvre, je lui ferai la vie si douce qu’il chérira notre foyer. J’ignore s’il est riche ou pauvre, estimé ou méconnu… Qu’importe ! je ne sais rien de sa vie et tout de son cœur. Il m’aime, il m’aime ! Me voilà donc sortie de ces régions de trouble et de ténèbres où je me suis agitée si douloureusement. Me voilà délivrée de ces hantises qui me faisaient rougir ; délivrée de ces orgueils, de ces colères, de ces désirs indignes de moi et qui me saisissaient devant ma destinée. J’aime. Je chante avec Elsa le cantique de reconnaissance. Qu’il soit béni, celui qui est venu vers moi. »

Mais après avoir rêvé, pleuré, chanté, vécu deux jours et deux nuits dans une folie d’allégresse, je pensai qu’il fallait avertir ceux qui remplaçaient ma famille. Je leur devais bien cette marque de déférence, ne doutant pas que Rambert n’eût pris ma stupeur muette pour un entier consentement.

Quelle émotion, et quel effort je dus faire